Un artbook sur le cinéma de Mamoru Hosoda

© 2022 Studio Chizu


En sept chapitres, l'historien du cinéma d'animation Charles Solomon nous fait découvrir le parcours du réalisateur et animateur japonais Mamoru Hosoda. De Dragon ball en 1993 à Belle en 2022, c’est tout un pan de la japanimation et ses secrets de fabrication qui nous sont livrés dans Tout l'art de Mamoru Hosoda.

Le réalisateur qui, très jeune, rêvait déjà d'être réalisateur, fait ses débuts en tant que chef animateur sur des séries comme Dragon ball et One piece, au sein du studio Toei animation, connu pour former les nouvelles générations de réalisateurs. S'ensuit le projet de réalisation d'Un château ambulant avec le studio Ghibli qui n'aboutit pas, en raison de divergences artistiques. Retour à la case Toei qui refuse ses propositions de films. Après cette période douloureuse émaillée d'ostracisme de la part de la profession, le doute s'installe dans l'esprit de Hosoda qui ambitionnait de devenir réalisateur et scénariste de films... jusqu'à la concrétisation de son premier long-métrage.

La traversée du temps

En 2006, sort La traversée du temps relatant l'histoire de la jeune Makoto qui, suite à un accident spectaculaire à vélo, se voit dotée d'un pouvoir surnaturel. Elle peut manipuler le temps et altérer le passé. Elle apprendra à ses dépens que ce pouvoir n'est pas sans conséquences. Dans cette première réalisation, adaptée d’un classique de la littérature jeunesse, Hosoda dessine un beau portrait d’adolescente teinté de mélancolie. Malgré sa diffusion limitée à six salles seulement, le film bénéficie d’un favorable et salutaire bouche-à-oreille qui lui permet de connaître un beau succès public et de décrocher plusieurs prix au Japon et à Annecy.

 

Scènes de La traversée du temps © 2022 Studio Chizu

 

Summer Wars

En 2009, changement de décor avec Summer Wars, second film de Hosoda et première création originale. Dans un quotidien où le virtuel est aussi présent que le réel, les humains déambulent dans OZ, un cybermonde paradisiaque où tous les désirs sont réalisables. Mais OZ est attaqué par Love machine, une intelligence artificielle matérialisée par un guerrier-démon. Celui-ci prend possession des comptes utilisateurs et corrompt les avatars et applications pour semer le chaos dans le monde réel. C’est alors qu’un jeune crack des maths va intervenir pour tenter de rétablir la situation. Cette œuvre de science-fiction est à la fois une satire sociale d’un monde ultra-connecté et un portrait de l’aristocratie japonaise et de ses valeurs. L'esthétique choisie pour les avatars kawaï aux couleurs vives évoluant dans l'immensité d'un espace blanc immaculé est très originale.  

 

L'univers de OZ dans Summer Wars  © 2009 Studio Madhouse


Les Enfants Loups

En 2012, malgré ses succès précédents, Hosoda a toujours des difficultés à faire financer ses films par les grands studios. En conséquence, il décide de co-fonder le Studio Chizu dans le seul but de produire Les Enfants Loups. Dans le scénario, deux étudiants se rencontrent à l'université et tombent amoureux. Le jeune homme avoue qu'il est un homme-loup, le dernier de sa lignée. Au fil du récit, le couple donne naissance à une fille et un garçon mais l'homme-loup meurt alors qu'il était parti chasser pour nourrir sa famille. Film hommage à la figure maternelle, ce nouveau succès permettra à Hosoda de rester indépendant en pérennisant son studio de production. 

 

Les enfants loups  © Studio Chizu


Le Garçon et la Bête

En 2015, Hosoda s'inspire de Yojimbo d'Akira Kurosawa et de Moby Dick de Melville pour raconter l'histoire d'un jeune garçon orphelin de mère qui fugue. Il suit un homme-ours maître des arts martiaux qui recherche un disciple. Ils entrent alors dans un monde alternatif peuplé d'animaux anthropomorphes. Le film plein d’humour porte sur la construction identitaire d'un jeune marginalisé et l’importance de l’implication d’un adulte référent. La surprise viendra du duo maître-élève qui se révèle moins classique qu’on pourrait s'y attendre. 

 

Character design Le garçon et la bête © 2022 Studio Chizu

Mirai, ma petite sœur

Inspiré par ses propres enfants, le réalisateur met en scène Kun, un petit garçon jaloux de sa petite sœur qui vient de naître. Mais lorsqu'ils rencontreront des obstacles dans un monde parallèle menaçant, Kun va développer des sentiments protecteurs vis-à-vis de sa sœur. 

 

Mirai, ma petite soeur  © 2022 Studio Chizu

Belle

Influencé par les versions de Jean Cocteau et de Walt Disney, Hosoda nous offre en 2021 une relecture contemporaine pourtant très personnelle du conte La belle et la bête. Suzu est une lycéenne solitaire et introvertie tandis que dans le cybermonde U, elle est Belle, une star adulée de la chanson qui va rencontrer la Bête. Le film se focalise ici sur le deuil et l'acceptation de soi mais aussi la maltraitance infantile. L'opposition entre U, la mégastructure urbaine aliénante, et un village montagneux déserté qui incarne l'évolution des personnages à travers les changements de saison rappelle un aspect important de la culture et de l'esthétique japonaises. 

Scènes de Belle © 2022 Studio Chizu

 

Composé de centaines de dessins, des planches de character design aux storyboards et photogrammes en passant par les celluloïds et les crayonnés, cet artbook consacré au talentueux Mamoru Hosoda ravira les fans d'animation japonaise et les illustrateurs en herbe.

 
 

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