COMIC-CON 2022. Les prix Eisner de la BD opèrent un retour aux sources


Initialement pensée comme un festival de bande dessinée en 1970, la Golden State Comic Book s'est progressivement muée en San Diego Comic-Con, la plus grande manifestation du genre sur le continent nord-américain, avec 130 000 visiteurs annuels. Consacré à l'origine aux comics et à la science-fiction, son terrain de jeu s'est considérablement étendu à de nombreuses facettes de la pop culture : cinéma, séries TV, mangas, anime, jeux vidéos, romans fantasy ou encore produits dérivés. 

 

Stormtroopers, samouraïs, Captain America, Spiderman et pharaon fusionnent en 2022.

Symptomatique de la récession du secteur, la Comic-Con a perdu de son pouvoir d'attraction auprès des grands studios de cinéma, qui ont dû réduire la voilure de leur budget marketing, à l'instar du mastodonte de l'édition DC comics, le grand absent de cette année. Symptomatique peut-être aussi d'une lassitude pour un événement qui a quelque perdu de son aura. 

Côté public, en revanche, la frustration ressentie après l'annulation des deux précédentes éditions a sans doute joué un rôle déterminant pour les fans. En témoignent les adeptes toujours plus nombreux du cosplay, le succès ne s'est pas démenti. Deux tendances se dégagent : l'hybridation d'univers où se croisent Star Wars et Japon médiéval, et la fusion de divers personnages issu de l'imagination des fans. Rien d'étonnant lorsqu'on sait l'admiration de George Lucas pour les films de samouraïs d'Akira Kurosawa. De son côté, Disney a produit la première série animée nippone Star Wars : Visions, sortie en 2021, tandis que Bandai Tamashii Nation s'est fendue d'une collection Meisho movie realization avec des figurines de stormtroopers samouraïs. 

  

Sandtroopers, Shadowtrooper et Stormtrooper © Bandai Tamashii Nation

Pour revenir aux fondamentaux du festival, les yeux se tourneront vers les Eisner Awards, les prix les plus prestigieux de la BD nord-américaine. Au regard du palmarès, un retour aux sources semble s'être imposé. Parmi les lauréats 2022 :

♦ Prix de la meilleure publication internationale : The shadow of a man de François Schuiten et Benoît Peeters (L'ombre d'un homme in Les cités obscures). 

♦ Prix de la meilleure édition américaine d'une BD asiatique : Lovesickness : Junji Ito Story Collection de Junji Itō.

Déjà multi-récompensé aux Eisner Awards, Junji Itō est un maître du manga horrifique influencé par les univers de Lovecraft et de Kazuo Umezu.

 

Les chefs-d’œuvre de Junji Itō, T.1 © Mangetsu

♦ Prix de la meilleure réalisation graphique - nouveauté : Monsters de Barry Windsor-Smith. 

Dans un style proche de la gravure, l'auteur raconte l'histoire de "deux familles américaines, liées par un projet nazi abandonné concernant les recherches sur le génie génétique, secrètement reprises par le gouvernement américain.". 

Monsters, Barry Windsor-Smith © Fantagraphics

♦ Prix de la meilleure réalisation graphique - réédition : The complete American gods de Neil Gaiman. 

♦ Prix du meilleur one-shot : Wonder Woman Historia : The Amazons de Kelly Sue DeConnick et Phil Jimenez. Une curieuse version psychédélique et fantasy de la plus charismatique des super-héroïnes. 

♦ Prix des meilleurs graphisme et mise en page : Marvel Comics Library pour Spider-Man vol. 1 : 1962–1964.
Un must-have avec la reproduction méticuleuse des 21 premières aventures originelles de l'homme-araignée, à la paternité complexe (Joe Simon, Jack Kirby, Charles Clarence Beck, Stan Lee et Steve Ditko y ont participé). Intégrant un chapitre graphique très réussi en bichromie bleu/blanc, l'album est au format XXL en édition limitée, chez Taschen. 

 
© Taschen  

 
© Taschen

 

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