Movie posters alternatifs #2 Laurent Durieux

 

Reconnu par les grands cinéastes du Nouvel Hollywood, l'illustrateur belge Laurent Durieux, devenu spécialiste des affiches de cinéma alternatives, fait l'objet d'une belle monographie réunissant une sélection de ses créations originales, inspirées par les styles artistiques des années 1930 à 1950.

Quelle ne fut pas ma surprise en consultant cet ouvrage lorsque je me suis aperçue que la seule affiche de film qui orne mes murs, Things to come (Des mondes futurs), n'est autre que la création de Laurent Durieux ! Je reste éblouie par ce poster inspiré des codes graphiques des comics de science-fiction des années 1950 dont l'illustrateur a su moderniser le style en intégrant une gamme chromatique plus actuelle et une approche plus épurée, tout en en préservant l'esprit. Une affiche créée en 2013 avec un style fifties pour nous remémorer un film de 1936 qui nous parle des XXe et XXIe siècles : c'est une réussite totale.

 

© Laurent Durieux

 

Moins connu que Le voyage dans la lune de Méliès (1902) et Metropolis de Fritz Lang (1927), qui l'ont sans doute partiellement inspiré, Things to come reste pourtant un des films majeurs de science-fiction de l'époque. Cette œuvre cinématographique est scénarisée par l'auteur de La machine à explorer le temps et de La guerre des mondes, H.G. Wells, adaptée de son propre livre, The shape of things to come. Il anticipe une société avec ses bouleversements socio-politiques et technologiques. Tant par ses thématiques que par ses décors pharaoniques et ses effets visuels inventifs, le film est une des œuvres les plus ambitieuses de l'histoire du cinéma de science-fiction et son imaginaire fait toujours mouche aujourd'hui.

 

© Laurent Durieux

Si l'on doutait encore de la cinéphilie et du langage narratif et pictural unique de Laurent Durieux, Francis Ford Coppola lui-même nous le rappelle dans la préface de Mirages, tout l'art de Laurent Durieux, qu'il lui consacre : "Tout son talent consiste à retranscrire les idées et les thèmes d'un film de façon à la fois totalement inattendue et complètement évidente" avec "une manière de déplier l'image et ses signes pour en révéler une profondeur surprenante". 

 

© Laurent Durieux

 

Fasciné par le rétrofuturisme qui entremêle science et imaginaire, Laurent Durieux puise notamment son inspiration dans les magazines Modern Mechanix des années 1930 consacrés à tous types de véhicules et de machines, qu'ils soient des inventions réelles ou des prototypes futuristes fantasmés. Cet attrait pour le rétrofuturisme traverse toutes ses affiches, des films d'Hitchcock à ceux de Spielberg en passant par les grands classiques des films d'horreur et de science-fiction. Frankenstein, Dracula, Shining, Godzilla, Alien, King Kong, Metropolis, La planète des singes, jusqu'au thriller sud-coréen Old boy. Tout ce que compte notre culture populaire et cinéphile y passe avec cette même passion exigeante à relire et réécrire notre inconscient collectif. 

 

© Laurent Durieux

 

Pour prolonger le magnétisme visuel des affiches, le critique de cinéma et de bande dessinée Nicolas Tellop analyse en profondeur l'art de l'illustrateur avec des textes si passionnants qu'on aurait aimé que chacune des affiches bénéficie de l'acuité de son regard. Illustrations fascinantes et sémiologie de l'image étonnante font de cette monographie un saut dans l'imaginaire captivant.




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